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histoire dinornis

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Message  Admin Lun 6 Fév - 8:46

Il y a une trentaine d’années, une découverte des plus inattendues produisit une véritable sensation dans le monde scientifique : des ossemens d’oiseaux de proportions gigantesques venaient d’être recueillis dans des rivières de la Nouvelle-Zélande. Il n’en fallait pas davantage pour inspirer à des hommes instruits qui parcouraient le pays des Maoris le désir de pousser les recherches avec activité. On fouilla les cours d’eau, les marais, les cavernes, et bientôt les ossemens trouvés furent en quantité considérable. On avait le squelette entier d’un oiseau dont la taille approchait de celle de la girafe et celui de plusieurs autres espèces du même groupe offrant des dimensions inférieures. Ces pièces remarquables, parvenues entre les mains de l’éminent naturaliste de l’Angleterre, M. Richard Owen, ont été l’objet d’une suite d’études approfondies. Les oiseaux de là Nouvelle-Zélande, éteints depuis une époque sans doute très voisine de la nôtre, et que nous ne connaissons cependant que par des débris, ont été appelés les Dinornis ; l’espèce de la plus grande taille a reçu le nom de dinornis gigantesque (Dinornis giganteus.) Les explorateurs anglais rencontrant les os de dinornis dans le lit ou sur les berges des rivières, souvent mêlés avec les os d’animaux qui vivent actuellement dans le pays, ou avec ceux de l’homme lui-même, quelquefois dans des cavités pleines de cendre et de charbon de bois où s’étaient préparés des repas, avaient la conviction que ces restes provenaient d’individus dont la destruction n’était pas ancienne. L’espoir de trouver encore des individus vivans soit. sur les montagnes, soit dans les bois, venait à chacun, et l’engageait à battre la campagne ; mais toutes les recherches jusqu’à présent sont demeurées sans succès. Les naturels de la Nouvelle-Zélande, mille fois interrogés au sujet de l’origine de ces os d’un volume énorme que l’on trouve en abondance dans une foule de localités, répondaient généralement que ces débris étaient ceux d’une espèce d’oiseau connue chez eux sous le nom de moa. Les Maoris affirmaient souvent que les moas existaient encore dans certaines parties des montagnes ; plusieurs prétendaient en avoir vus, manière peut-être de se vanter, car aucun fait précis n’a donné lieu de prendre cette parole pour l’expression de la vérité. Une vague tradition néanmoins paraît s’être maintenue parmi les habitans de la Nouvelle-Zélande à l’égard des grands oiseaux disparus.

Les dinornis avaient de très grands rapports avec les autruches et plus encore avec les casoars ; en un mot, ils appartenaient, pour la plupart au moins, à cette famille d’oiseaux coureurs que l’on appelle les struthionides. La comparaison des os, rigoureusement faite par M. Richard Owen, ne laisse à cet égard aucune incertitude. La Nouvelle-Zélande était peuplée autrefois de nombreuses espèces de dinornis parfaitement distinctes les unes des autres, et de proportions fort diverses. Le dinornis gigantesque que nous avons cité pouvait atteindre la hauteur de trois mètres et demi ; d’autres espèces avaient la taille de l’autruche ou une taille inférieure, d’autres avaient des formes beaucoup plus massives et une démarche lente, ainsi que l’annoncent chez le dinornis aux pieds d’éléphant (Emeus elephantopus) les os des membres, courts, trapus, énormes. Chaque espèce habitait une région très restreinte ; les dinornis de l’île du Nord et de l’île du Milieu n’étaient pas les mêmes, et plusieurs d’entre eux semblent avoir vécu sur un espace fort limité. Ces animaux, incapables de voler ou de nager, avaient des habitudes très sédentaires. S’il est démontré que les grands oiseaux de la Nouvelle-Zélande devaient, pour la plupart, offrir de grandes ressemblances avec les casoars, le fait est moins certain pour quelques espèces (les Palapteryx d’Owen).

Nous avons des observations, des descriptions, même des figures des oiseaux des îles Mascareignes, dues à des voyageurs plus ou moins instruits ; descriptions vagues, figures souvent bien imparfaites il est vrai, mais cependant devenues précieuses. Elles nous donnent au moins une idée générale de l’aspect, de la démarche, des couleurs, des habitudes des animaux perdus. Nous n’avons rien de pareil sur les oiseaux des îles australes ; des os épars seulement ont permis de reconstruire des squelettes et de porter la comparaison sur les espèces les plus voisines qui existent en d’autres pays. Si l’animal perdu s’éloignait peu par ses formes d’une espèce vivante bien connue, les rapports sont faciles à constater par cette unique comparaison, les différences apparaissent sans peine aux yeux du naturaliste exercé, une notion presque exacte de l’être disparu est acquise, une sorte de vie nouvelle semble donnée à la créature dont on a vu de simples débris. Au contraire, si l’animal qu’il s’agit de reconstituer avait des caractères très particuliers ou dans son ensemble des proportions inconnues ailleurs, il devient impossible de parvenir à un résultat satisfaisant ; on cherche à voir par la pensée l’être animé, mais la réflexion indique que l’image ne saurait être fidèle. Il en est ainsi vraisemblablement pour quelques-uns des oiseaux éteints de la Nouvelle-Zélande.

On s’est demandé s’il fallait prendre au sérieux l’espoir de rencontrer quelques dinornis vivans ; à cet égard, l’affirmative et la négative ont été également soutenues par des zoologistes et surtout par des explorateurs de la Nouvelle-Zélande, pouvant mieux que personne justifier leur sentiment. Le docteur Thomson, qui a fait une étude spéciale des gisemens et des cavernes d’où l’on a tiré une infinité de débris des grands oiseaux, est persuadé que les fameux moas des Maoris sont éteints depuis au moins deux siècles, et qu’on les cherchera inutilement ; les preuves qu’il apporte à l’appui de cette opinion sont assez graves pour inspirer la crainte que sa prophétie se réalise. On reporte généralement la prise de possession des îles néozélandaises par les Maoris au XVe siècle, et dans des contrées où manquent les mammifères, les premiers habitans ont dû poursuivre d’une manière incessante les grands oiseaux, qui offraient d’immenses ressources alimentaires. Comment au milieu de telles circonstances la destruction des dinornis n’aurait-elle pas été rapide et bientôt complète ? Tasman, qui découvrit la Nouvelle-Zélande en 1642, n’eut aucune révélation au sujet des moas, seulement, comme il entretint peu de rapports avec les naturels, ce fait reste sans valeur ; mais le silence gardé devant les autres navigateurs est plus significatif. Cook, par trois fois, a exploré le pays, il s’est mis en communication avec les habitans, il a eu des entretiens avec le grand chef Rauparaha, et de la sorte il a connu les traditions populaires ; jamais il n’a été question d’oiseaux gigantesques. Dumont-d’Urville, homme sagace, cherchant à pénétrer dans la vie des peuples qu’il visitait, a étudié les mœurs, les coutumes des Maoris ; il a porté son attention sur les plantes et les animaux de la Nouvelle-Zélande, et rien ne lui a fait soupçonner l’existence des dinornis. Suivant le docteur Thomson, les traditions des indigènes à ce sujet sont absolument vagues, et témoignent tout juste que des moas vivaient en même temps que les hommes de la race qui habite aujourd’hui le pays. Nul Maori de l’époque actuelle n’aurait vu un moa courant les bois ou la campagne. L’état parfait de conservation dans lequel ont été trouvés certains débris doit, d’après l’avis du même auteur, être attribué uniquement aux propriétés du sol où ces restes étaient enfouis.

Maintenant ceux qui n’abandonnent pas l’espérance de voir un jour quelques dinornis vivans se fondent sur plusieurs indices qu’il ne faut peut-être pas entièrement négliger. Les Maoris, assure le R. Taylor, ont des traditions sur les chasses au moa de leurs ancêtres et des chansons qui célèbrent les exploits des chasseurs. Des voyageurs affirment avoir reçu des naturels la déclaration positive de la présence d’oiseaux gigantesques dans les montagnes ; d’autres prétendent avoir aperçu des moas, mais, ayant pris peur à la vue de ces étranges animaux, ils se sont sauvés ; d’autres enfin croient avoir observé sur la terre des empreintes qui dénotaient le passage d’un très grand oiseau. Il est impossible d’accorder beaucoup de confiance à de semblables récits ; on est frappé davantage par les remarques sur la condition de certains débris. Le 16 juin 1864, la Société linnéenne de Londres entendait la lecture d’un curieux mémoire de M. Allis sur la découverte d’un squelette presque complet de dinornis. Ce squelette, trouvé sous un monceau de sable par des chercheurs d’or, près de Dunnedin, dans la province d’Otago, était dans un état de conservation surprenant. Des cartilages, des tendons et des ligamens adhéraient encore aux os ; une portion de la peau n’était pas détruite, et portait des tuyaux de plumes bifides comme chez les émeus (une espèce du groupe des casoars) ; les barbes de quelques plumes avaient persisté. Un zoologiste fort expert estima que l’animal n’était pas mort, bien probablement, depuis plus de dix à douze ans. Une dernière considération relative à l’existence possible dans le temps actuel de quelque dinornis nous est fournie par un officier de marine des plus distingués, le commandant Jouan, qui a fait une foule d’observations intéressantes pendant ses longs voyages. Il y a dans l’île du Milieu, nous dit le savant navigateur, des solitudes où les Maoris et à plus forte raison les Européens n’ont jamais pénétré, et l’intérieur de l’île du Nord est peu connu en dehors des vallées, dont le fond est occupé par des cours d’eau qui permettent de voyager en canot ou tout au moins en pirogue. De grands oiseaux pourraient donc avoir encore des retraites sûres. Si l’extinction des dinornis n’est pas absolue, elle paraît néanmoins certaine pour la plupart des espèces du groupe.

D’autres oiseaux de la Nouvelle-Zélande, ayant une taille médiocre, semblent à leur tour menacés d’une destruction tourte dans un avenir prochain. Les aptéryx au plumage brun, au long bec courbé, aux pattes robustes, sont fort maltraités depuis la colonisation. Ces oiseaux marcheurs ayant des vestiges d’ailes plus réduits que chez les autruches et les casoars, incapables de se dérober par une fuite rapide, vivent à terre et se cachent simplement dans des trous. Des chiens dressés pour leur faire la chasse les atteignent aisément, et déjà les pauvres aptéryx ont à peu près disparu du pays habité ; la destruction s’achèvera avec les progrès de la colonisation. Un étrange perroquet de la grosseur d’une poule, le strigops, particulier à la Nouvelle-Zélande, autrefois assez commun, aujourd’hui extrêmement rare, est également destiné à périr. Le strigops, vrai perroquet par tous les caractères, hibou ou chouette par les mœurs, les attitudes et le plumage terne, est l’unique espèce nocturne de la famille des perroquets, et à cause de cette circonstance il offre un immense intérêt zoologique. L’oiseau, d’un vert clair bariolé de lignes noires, vole peu ; il court à terre et se met à l’abri dans des trous ; objet d’une guerre continuelle de la part des hommes et des chiens, il n’existe plus que dans les solitudes jusqu’à présent inaccessibles. Chaque jour, à la Nouvelle-Zélande, la rareté des oiseaux indigènes se prononçant davantage, il est venu à l’idée de plusieurs personnes que la disparition rapide des espèces les plus remarquables pouvait être attribuée à un abaissement de température. Ces personnes n’ont pas remarqué que les aptéryx et les strigops se trouvent fort bien de l’état actuel du pays partout où ils ne sont pas inquiétés.

Parmi les créatures dont la disparition récente est très probable sans être absolument certaine, on compte un oiseau de Madagascar dont le volume dépassait celui du dinornis gigantesque. La première découverte importante de restes provenant de l’espèce perdue est encore presque nouvelle. Elle fut annoncée, le 27 janvier 1851, à l’Académie des Sciences, par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Des œufs énormes apportés en France par M. Al. Abadie, capitaine de la marine marchande, étaient pour tout le monde, savans et ignorons, un sujet de stupéfaction. Ces œufs, six fois plus gros que ceux de l’autruche, équivalaient à cent quarante-huit œufs de poule, et offraient une capacité de plus de huit litres. Jamais rien de plus étonnant n’avait été rencontré. D’après quelques rares fragmens d’os trouvés dans le même gisement, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire reconnut les vestiges de l’oiseau auquel les œufs devaient être attribués, et il désigna l’animal sous le nom d’Æpyornis maximus. L’île de Madagascar, qui présente une superficie si considérable, n’ayant pas été explorée dans toutes ses parties, on crut volontiers que l’æpyornis errait encore à l’heure présente dans ses vastes solitudes, car à Madagascar, comme à la Nouvelle-Zélande, les naturels parlent d’oiseaux gigantesques existant dans les bois et les montagnes. Après les dernières explorations de la grande île africaine, cela paraît une improbabilité. Un naturaliste jeune et intelligent, M. Grandidier, avait fait, il y a peu d’années, un voyage à Madagascar ; ayant beaucoup appris, il a voulu retourner sur cette terre qui lui promettait de nouvelles découvertes. Tout récemment dans une fouille pratiquée au milieu d’un terrain marécageux d’Amboulisate, sur la côte occidentale de l’île ; M. Grandidier a eu la bonne fortune de recueillir des ossemens qui ont appartenu, paraît-il, à l’oiseau dont les œufs sont incomparables. Ces pièces se réduisent, il est vrai, à deux vertèbres, un os de la cuisse, un os de la jambe ; elles ont suffi à M. Alphonse Milne Edwards pour démontrer la parenté de l’æpyornis avec les autruches, les casoars et les dinornis, et pour établir la preuve que l’oiseau de Madagascar, avec un corps plus massif et des membres plus robustes que chez tous les dinornis, n’avait pas cependant la taille aussi élevée que les plus grandes espèces de la Nouvelle-Zélande. Des débris d’aepyornis de proportions inférieures trouvés en petit nombre nous révèlent en outre l’existence, à une époque sans doute peu ancienne, de plusieurs espèces appartenant au même type et habitant les mêmes lieux.

Tout le monde en France et dans les autres parties de l’Europe s’aperçoit de la diminution rapide des oiseaux. Les plus grandes espèces seront peut-être entièrement détruites avant un siècle. L’outarde, qu’on trouvait assez communément dans les plaines du Poitou et dans la Champagne au temps de Buffon, est aujourd’hui d’une excessive rareté. Le tétras, plus connu sous le nom de grand coq de bruyère, autrefois abondant au milieu de nos forêts, ne se trouve plus que dans quelques localités. De si beau gibier offre une trop forte tentation aux chasseurs.

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